Le retour du Brave Soldat Švejk en France
Hašek, Jaroslav : Les Aventures du brave soldat Švejk

Le retour du Brave Soldat Švejk en France

Pourquoi (et comment) retraduire Švejk aujourd'hui ?

À plusieurs reprises, on m’a posé la question suivante : Švejk peut-il encore intéresser le lecteur français en 2018, et plus généralement les lecteurs du monde entier ? Hašek a-t-il encore quelque chose à dire à nos contemporains ? Il me semble que, pour s’en convaincre, il suffit de relire – ou de lire – Hašek : les quatre volumes des Aventures du brave soldat Švejk, mais aussi ses nouvelles, du moins les grand recueils.1

Oui, le brave soldat Švejk fait depuis longtemps partie des classiques de la littérature mondiale : est-il nécessaire de rappeler ici qu’il est régulièrement retraduit et réédité dans des dizaines de langues, et que d’excellentes traductions ont vu le jour ces dernières décennies dans les grandes langues européennes ?2 J’évoquerai plutôt ma première rencontre personnelle avec ce personnage débonnaire : c’est au lycée, dans les années 90, avant même de découvrir Prague et la littérature tchèque, que je me souviens avoir vu mes amis de section « L » se tenir les côtes à la lecture du roman, qu’ils avaient découvert avant moi... En l’occurrence, par l’intermédiaire de Brecht et de son Schweyk dans la Deuxième guerre mondiale. Plus sérieusement, le volume annuel d’exemplaires écoulés en poche chaque année en France par l’éditeur (de quelques centaines à plus d’un millier) depuis des décennies témoigne également du fait qu’on lit toujours ses Aventures ; il semble que les chiffres soient d’ailleurs bien supérieurs dans des langues comme l’allemand ou l’italien.

À la base de ce succès, il y a d’abord le personnage de Švejk et son ambiguïté fondamentale, qui donne au roman une grande part de sa valeur et de sa portée : comme chez Dostoïevski, on oscille entre plusieurs pôles, plusieurs interprétations ; Švejk n’est ni idiot, ni roublard, il est les deux, tantôt l’un, tantôt l’autre ; et c’est ce mélange, ce « yin – yang », qui en fait un personnage à portée universelle. Bien sûr, contrairement aux types d’un Dostoïevski, Švejk n’a aucune psychologie : il est quasiment vide, vierge de passé, de mémoire, d’expériences ou de traumatismes ; de lui, on sait tout au plus où il habite, sa profession, et le fait qu’il a été réformé pour crétinisme. Švejk est avant tout un être de langage, comme d’ailleurs les autres personnages du roman ; plongé dans une situation, il agit comme un « miroir à malice » : il renvoie aux autres quelque chose, sans qu’on sache toujours précisément quoi, et ce reflet déformant (ainsi trouve-t-on ici toute la portée du passage où Švejk se contemple dans un miroir déformant, à la fin du Livre I3) a le don de provoquer des situations hilarantes et surtout révélatrice d’une absurdité, d’une bêtise, d’une méchanceté trop humaines. Ce langage qui caractérise chacun des personnages individuellement est d’ailleurs un des enjeux majeurs de la traduction (j’y reviendrai).

Ainsi, Švejk agit souvent à rebours de ce qu’on attend de lui : au lieu de décourager un homme qui fait mine de vouloir se suicider, il l’encourage et lui prête sa ceinture pour se pendre, dévoilant du même coup l’hypocrisie de l’homme. Švejk agit comme un court-circuit qui projette une lumière directe sur les choses. Il est le grain de sable existentiel qui coince les rouages de l’administration austro-hongroise, de l’armée, de la Première Guerre mondiale, mais aussi des bonnes mœurs, de l’armée, de la morale bourgeoise : un trublion, plus ou moins malgré lui. Confronté, à l’instar du Joseph K de Kafka, à une administration et une législation toutes puissantes (le fameux « paragraphe »), et d’autant plus sévères qu’elles sont à bout de souffle, confronté au pouvoir sous toutes ses formes, à plus forte raison en tant que Tchèque au sein du système politique déséquilibré de l’Empire austro-hongrois, Švejk sauve son individualité, son intégrité en provoquant un éclat de rire universel, un rire aussi noir que blanc et qui secoue le monde entier.

On pense ici à certains archétypes littéraires : Till l’espiègle, par exemple, qui traverse lui aussi malicieusement la littérature d’Europe centrale et du Nord ; le Hloupý Honza (Jean le simplet, le nigaud) des contes tchèques, c’est-à-dire l’Ivan Dourak des contes russes, et qui n’est pas aussi idiot que semble l’indiquer son nom, puisqu’au bout du compte, il tire toujours son épingle du jeu. On pense aussi à un Sancho Panza pour la bonhommie ; avec le père Ubu, Švejk a en commun le comportement amoral, apparemment idiot et surtout absurde, mais, contrairement à Ubu, Švejk n’est pas méchant ; avec l’Idiot de Dostoïevski, il partage la naïveté et la bonté, mais contrairement à lui, il est amoral, et heureux de l’être.

Bref, Švejk nous parle, et il nous parlera tant qu’il y aura des hommes : il nous parle de l’absurdité de la violence, de la guerre, des lois, de la bêtise humaine et de la méchanceté, mais aussi de l’hypocrisie des relations humaines, de la gloutonnerie, de la cupidité, de la couardise… L’humour qui traverse le roman est avant tout un humour de situation à portée universelle ; plus ponctuellement, il peut s’agir d’un humour contextuel qui renvoie à des faits de la société propres à l’empire austro-hongrois (allusion à des chansons, des personnalités, des vêtements d’époque, etc.).

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Si donc on lit encore Švejk, et s’il faut le lire, pourquoi le retraduire en français ? Remontons aux sources : comme l’explique A. Marès dans un article consacré à la réception de Hašek en France,4 c’est au printemps 1931, dans les pages de l’Humanité, que Švejk (alors « Chvéïk ») fait sa première apparition en France, sous forme de feuilleton (cinquante-quatre épisodes). Cette traduction est réalisée par Jindřich Hořejší (qui francise pour l’occasion son nom en « Henri » Hořejší) ; elle sera reprise l’année suivante, en 1932, chez Gallimard, sous le titre Le brave soldat Chvéïk, et restera disponible jusqu’en 2018 en collection Folio. Les volumes suivants, quant à eux, sont traduits dans les années 60, et fort différemment, par Claudia Ancelot : il s’agit des Nouvelles Aventures du brave soldat Chvéïk (c’est-à-dire le livre II), toujours en Folio, et des Dernières aventures du brave soldat Chvéïk (livres III et IV), cette fois dans la collection l’Imaginaire.

Comme on le voit, les volumes sont dépareillés, la traduction diffère ; le titre lui-même, Osudy dobrého vojáka Švejka za světové války, commune aux quatre « livres » dans l’original, est ici traduit différemment en fonction des volumes, à tel point qu’un certain nombre de lecteurs français a probablement dû passer à côté du fait que le livre I est suivi d’autres livres (on pourra s’en convaincre en lisant certains comptes-rendus de lecteurs qui affirment que le roman s’achève à la fin du premier tome).

À ces problèmes d’ordre éditorial s’ajoute la traduction de Jindřích Hořejší, à laquelle on ne peut dénier un certain charme, ne serait-ce que son côté « ébouriffé », mais qui présente un certain nombre de défauts difficilement négligeables aujourd’hui :

- ajouts ou suppressions de texte : c’est le cas, par exemple, de la première phrase du roman, le fameux « Tak nám zabili Ferdinanda », qui disparaît purement et simplement ; on pourra comparer par ex. les phrases « Vojáci se vidy hádali a luštili ten rébus. » VS « Les opinions, à son propos, des soldats exposés à contempler ce chef-d’œuvre tout le long d’une messe, étaient partagés et s’égaraient dans les suppositions les plus fantaisistes », ou, au contraire : « Tu noc před posledním pomazáním oba však zemřeli, a když se dostavil ráno polní kurát se Švejkem, leželi s obličejem zčernalým pod prostěradlem jako všichni, kteří zemrou zadušením. » VS « Mais ils moururent la nuit qui précéda l’arrivée du feldkurat. » ;
- lexique qui a souvent mal vieilli (« batterie » pour « bagarre », « pive » pour « vin », « pays » pour « compatriote », etc.), et argot militaire qui prête aujourd’hui à confusion (« mine » pour « galerie de sape », « médecin-légiste » pour « experts médical », « paralysie » pour « neurosyphilis », etc.). Qu’on me comprenne bien : on ne retraduit pas un roman parce que le lexique a vieilli, c’est entendu, mais rien n’empêche de choisir des termes d’argot qui s’employaient à l’époque et qui sont toujours compréhensibles aujourd’hui ;
- syntaxe parfois incorrecte, avec une utilisation fautive des prépositions, etc. ;
- registres incohérents (ainsi, dans la même réplique, Švejk passe d’une langue argotique à une inversion du sujet, etc.) ;
- toponymes et patronymes francisés, comme c’était l’usage à l’époque : « Ceské Boudeïovice » pour České Budějovice, « le capitaine Chnable » pour Šnábl, « la Veltava » pour Vltava, y compris « Chvéïk » pour Švejk ;
- grades militaires indiqués en allemand chez le narrateur et en français chez les personnages, à l’inverse du roman.

Bref, pour toutes raisons, les lecteurs francophones ayant accès à l’original d’une manière ou d’une autre savaient tous que la traduction du premier tome était à refaire. Il y a très peu de reproches à adresser, en revanche, à celle des tomes suivants. C’est pour ces raisons que j’ai proposé à Gallimard, plusieurs chapitres à l’appui, de se lancer dans l’aventure d’une retraduction : un défi aussi amusant que passionnant.

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Car traduire ces Aventures du brave soldat Švejk en français ne va pas sans soulever un certain nombre de difficultés qui impliquent des choix toujours discutables, à commencer par la question du texte source : les différences entre les publications sont notables – orthographe plus ou moins ancienne, graphie des mots allemands ou d’origine allemande, changements de ponctuation, variations de mots et de phrases entières, ajouts et suppressions de termes, etc. Hašek, qui meurt en 1923, n'a en effet le temps de revoir que la toute première édition de son livre (Sauer et Čermák, 1921-1922), et les éditeurs suivants (il existe plus d’une cinquantaine d’éditions en tchèque) auront tendance à modifier le texte, que ce soit par souci de correction, en atténuant par exemple les marques d'oralité ou la vulgarité, ou par idéologie, en ajoutant ou supprimant des informations. Il faut ajouter à cela le fait que la norme quant au tchèque écrit a considérablement évolué en un siècle, et que la première édition comme le manuscrit lui-même ne sont pas exempts d’erreurs et d’imprécisions. Après concertation avec l’Institut de la littérature tchèque, j’ai donc choisi comme édition de référence celle de Jarmila Víšková (Prague, Odeon, 1968), qui reprend le texte de la première édition, le corrige à partir du manuscrit et l’adapte aux normes du tchèque de l'époque.

Vient ensuite le nom du brave soldat lui-même, qui a longtemps fait l’objet d’adaptations dans diverses langues afin d’en simplifier la prononciation : « Schwejk » en allemand, « Chvéïk » en français, « Sc’vèik » en italien… Ayant rétabli l’orthographe originale de tous les noms de lieux et de personnages qui émaillent le récit (Budějovice, Lukáš, etc.), j’ai choisi, par souci de cohérence, de ne pas conserver l’orthographe francisée du nom du héros, et d’écrire « Švejk », tel qu’on le lit en tchèque. Il y a bien sûr d’autres arguments en faveur de l’orthographe originale : le fait qu’elle ait été rétablie dans les trois grandes traductions citées plus haut en allemand, italien et espagnol a certainement été décisif pour l’éditeur ; cette nouvelle traduction s’inscrit donc dans une tendance générale à la « fidélité » et au respect des particularités étrangères. Afin d’éviter que certains lecteurs ne lisent « Svežk », j’ai inclus, sur les conseils de l’éditeur, un guide de prononciation ; la notoriété du personnage facilitera sûrement les choses. L’argument essentiel en faveur de l’orthographe francisée est la tradition : ainsi, il est vrai qu’on est encore loin d’écrire Don Quijote en français.

Comme je le disais plus haut, tout au long du roman, le discours de chacun des personnages est caractérisé par une large palette de registres qui restent remarquablement cohérents : la langue employée par Švejk et Müllerová tend vers le familier ou le populaire, celle de Palivec vers le vulgaire, celle de Lukáš vers le soutenu, celle du narrateur vers le littéraire, etc. Or, pour caractériser certains personnages, comme Švejk ou madame Müllerová, Hašek emploie abondamment ces tournures orales et informelles propres au « tchèque commun » (« obecná čestina »). Le fait qu'il les retranscrive à l'écrit, parfois de manière non conventionnelle, et qu’il les accompagne de termes familiers, argotiques, voire vulgaires, suffit à donner un caractère familier, relâché, populaire à la scène, même s’il n’indique pas à coup sûr les origines sociales des personnages. C’est là un des aspects les plus maîtrisés, mais aussi les plus subversifs du roman, car il s’agit d’un pied de nez au bon usage et aux bonnes mœurs, ainsi que Hašek s’en explique dans la postface du premier volume.

S’il serait erroné de recourir à des régionalismes ou à un patois pour restituer ces caractéristiques, il m’a semblé justifié de respecter la gradation des registres en recourant aux transcriptions plus ou moins usuelles de l'oral en français (« v’là », « p’têt », « y’a », « z’ont », etc.), qui fonctionnent un peu de la même manière, indiquant un ton ou un contexte social, et qu’on retrouve d’ailleurs dans les romans français de l’époque (Céline, Dorgelès, Barbusse, etc.). Par ailleurs, on notera que les personnages sont très fortement incarnés, presque théâtraux : ainsi, l’un des grands enjeux de cette traduction a consisté à faire en sorte que leur voix sonne juste, qu’elle « vibre » comme dans l’original. À ce titre, le ton de Švejk tient de la gouaille, du bagout ; celui de Katz est plutôt dans la truculence, celui de Lukáš dans l’élégance, etc.

Toujours au registre des difficultés, je précise qu’à quelques (rares) endroits, Hašek fait preuve d'une légère désinvolture dans ses constructions, notamment pour imiter la langue orale : certaines phrases, au discours direct, ne sont pas tout à fait correctes à l'écrit (passage d'un sujet singulier à un sujet pluriel, sautes de temps, etc.). Je leur ai restitué une grammaticalité, sachant que je compense ailleurs en recourant à des tournures orales. Dans l’ensemble, j’ai tâché bien sûr de reproduire fidèlement le style de Hašek, avec ses constructions de phrases et ses figures de style propres.

Du point de vue lexical, le texte regorge de mots argotiques plus ou moins propres à l’époque et au contexte militaire, dont une partie seulement a vieilli. Je me suis efforcé de trouver des termes correspondant, en prenant garde qu’ils soient apparus avant 1914 ou pendant la Grande Guerre, afin d’éviter tout anachronisme. J’ai également fait en sorte que la langue argotique et familière soit toujours accessible, et ne soit pas prisonnière d’une époque donnée.

À cela s’ajoute l’épineuse question des germanismes. En 1921, les termes et phrases en allemand qui truffent le récit sont en effet compréhensibles pour la plupart des lecteurs tchèques ; il va sans dire que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je les ai laissés tels quels dans le texte, et ai proposé une traduction en note. Mais le mélange du tchèque et de l’allemand ne s’arrête pas là, et l’intrication des deux langues reflète bien la situation culturelle en Bohême, au début du siècle : on trouve aussi de nombreux mots allemands « tchéquisés », et d’autres proprement tchèques, mais directement empruntés de l’allemand. Lorsque la « couleur » allemande m’a semblé prévaloir, j’ai écrit le mot en allemand (ainsi, par exemple, du juron « Himmeldonnerwetter », écrit phonétiquement en tchèque « himldonrvetr ») ; ailleurs, j’ai traduit en français.

Enfin, j’ai choisi, en concertation avec l’éditeur, d’intégrer à cette nouvelle édition du premier volume de Švejk les fameuses illustrations de Josef Lada qui figurent dans presque toutes les éditions tchèques et dans de nombreuses éditions étrangères depuis les années 1920. Là encore, le choix est discutable : on ne peut nier que ces illustrations influencent le récit, qu’elles donnent aux personnages un visage, un style, et qu’elles réduisent la compréhension qu’en a le lecteur. Il est vrai aussi qu’elles ne figuraient pas dans la première édition de 1921-1922, et que, de son vivant, Hašek n’aura vu que la toute première couverture de Lada. Mais il m’a semblé que ces illustrations étaient avant tout d’une grande qualité graphique et satirique, qu’elles servent l’œuvre plus qu’elles ne la désservent et qu’en près d’un siècle, elles se sont inscrites en elle au point qu’elles en sont désormais partie intégrante.

 

1. Notamment Dobrý Voják Švejk před válkou, 1912, Trampoty pana Tenkráta, 1912, etc. souvent réédités. zpět
2.Die Abenteuer des guten Soldaten Švejk im Weltkrieg, trad. A. Brousek, Reclam, Stuttgart, 2014 ; Le vicende del bravo soldato Svejk, trad. G. Dierna, Einaudi, Torino, 2010 ; Las aventuras del buen soldado Svejk, trad. M. Zgustova, Galaxia Gutenberg, Barcelona, 2008, etc. zpět
3.„Víte, Švejku, že bych měl chuť poslat vás před polní soud," s povzdechem řekl nadporučík, „ale oni by vás osvobodili, neboť něco tak kolosálně pitomého neviděli ve svém životě. Podívejte se na sebe do zrcadla. Není vám špatně nad vaším blbým výrazem? Vy jste nejpitomější hříčka přírody, kterou jsem kdy viděl. Nu, řekněte pravdu, Švejku: líbíte se sám sobě?"
„Poslušně hlásím, pane obrlajtnant, že se nelíbím, jsem v tom zrcadle nějakej takovej šišatej nebo co. Vono to není broušený zrcadlo. To jednou měli u toho Číňana Staňka vypouklý zrcadlo, a když se někdo na sebe podíval, tak se mu chtělo vrhnout. Huba takhle, hlava jako dřez na pomeje, břicho jako u napitýho kanovníka, zkrátka figura. Šel kolem pan místodržitel, podíval se na sebe, a hned to zrcadlo museli sundat."
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4.La réception de Hašek / Chvéïk en France (Revue des études slaves, 1986). zpět

Studie

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Traduction Benoit Meunier, dossier Jean Boutan, Gallimard, Paris, 2018, 448 p.

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